Les conditions de recevabilité de l’assignation en liquidation judiciaire

La procédure de liquidation judiciaire est une étape cruciale dans la vie d’une entreprise en difficulté. Elle peut être le résultat d’une assignation délivrée par un créancier qui souhaite voir ses droits reconnus et protégés. Cet article a pour objectif d’éclairer les lecteurs sur les conditions de recevabilité de cette assignation en liquidation judiciaire.

1. Les conditions préalables à l’assignation en liquidation judiciaire

Avant de pouvoir assigner une entreprise en liquidation judiciaire, il convient de respecter certaines conditions préalables. L’une d’elles est la cessation des paiements, qui doit être avérée et caractérisée par l’impossibilité pour l’entreprise concernée de faire face à son passif exigible avec son actif disponible.

Il appartient au créancier demandeur, dans le cadre de son assignation, de rapporter la preuve que cette condition est remplie. Il doit également s’assurer que l’entreprise n’est pas déjà en cours de redressement ou de sauvegarde judiciaires, car cela rendrait irrecevable sa demande.

2. Le respect des formalités légales

Pour qu’une assignation en liquidation judiciaire soit recevable, elle doit respecter les formalités légales prévues par le Code du commerce et le Code civil. Parmi ces formalités, on peut citer :

  • La forme et le contenu de l’assignation : elle doit être rédigée en français et comporter les mentions obligatoires prescrites par la loi, telles que l’indication des parties, du tribunal compétent, des faits et moyens invoqués, ainsi que des pièces produites.
  • Le délai pour agir : le créancier dispose d’un délai de deux ans à compter de la cessation des paiements pour assigner l’entreprise en liquidation judiciaire. Passé ce délai, sa demande sera irrecevable.
  • La représentation par un avocat : le créancier doit être représenté par un avocat inscrit au barreau du tribunal compétent pour engager une telle procédure.

3. Les conditions propres à l’assignation en liquidation judiciaire

En plus des conditions préalables et des formalités légales, il existe également des conditions spécifiques à l’assignation en liquidation judiciaire. Il s’agit notamment :

  • Du montant de la créance : le créancier doit justifier d’une créance certaine, liquide et exigible dont le montant est suffisamment important pour justifier l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire. La jurisprudence est assez souple sur ce point et apprécie au cas par cas si le montant de la créance est suffisamment significatif.
  • De l’intérêt à agir du créancier : ce dernier doit avoir un intérêt légitime à obtenir la liquidation judiciaire de son débiteur. Cela peut être le cas, par exemple, s’il a tenté en vain de recouvrer sa créance par d’autres moyens ou si la sauvegarde de son entreprise en dépend.

4. L’appréciation du tribunal

Le tribunal compétent pour statuer sur une assignation en liquidation judiciaire est le tribunal de commerce, ou à défaut le tribunal judiciaire. Il appartient au juge d’apprécier si les conditions de recevabilité sont réunies, notamment au regard des éléments apportés par les parties et des pièces produites.

En cas de contestation, il revient au créancier demandeur de rapporter la preuve que l’entreprise concernée est bien en cessation des paiements et qu’elle n’est pas en mesure de redresser la situation. Le juge peut ordonner des mesures d’instruction complémentaires, telles qu’une expertise ou une enquête, pour vérifier ces éléments.

5. Les conséquences de l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire

Si le tribunal estime que les conditions de recevabilité sont réunies, il prononcera l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire à l’encontre de l’entreprise concernée. Cette décision emporte plusieurs conséquences :

  • L’entreprise perd la maîtrise de ses biens et la gestion est confiée à un mandataire judiciaire.
  • Les poursuites individuelles des créanciers sont suspendues et leurs créances doivent être déclarées auprès du mandataire.
  • L’entreprise est soumise à diverses obligations, telles que la coopération avec le mandataire et la fourniture d’informations sur sa situation économique et financière.
  • La procédure de liquidation judiciaire peut aboutir à la cession totale ou partielle des actifs de l’entreprise, voire à sa fermeture définitive.

Dans ces conditions, il est essentiel pour un créancier qui envisage de recourir à une assignation en liquidation judiciaire de bien mesurer les enjeux et les conséquences potentielles de cette démarche. Il est également recommandé de se faire assister par un avocat spécialisé pour veiller au respect des conditions de recevabilité et optimiser ses chances de succès.